lundi 29 décembre 2014

SDF



Un clochard, cet hiver,
Au milieu des voitures à l'arrêt,
Les vêtements mangés par la misère
S'exclamait:

«Les jours se suivent et meurent.
Premier caressé par la bise, dès potron minet,
Dernier que le Soleil vise. Dans mon carton abîmé,
Pour l'éternité, je demeure.

Les paradoxes déambulent
Sans trébucher sur mon infamie.
Plus gros, plus riches et ridicules
M'aurait-on menti?

Ma couverture de neige, mon drap de gel,
Cette nuit mordante, n'arrivent pas à leurrer.
Me retrouver à la barre des assistés
M'apparait toujours injuste et cruel.

Je suis un meuble de ville,
Un meuble mobile,
Dupliqué à foison
Par la Société de consommation.

Pas de pièce, je vous en prie.
Seul votre regard m'importait.
Vous m'avez pris ma dignité.
Il me reste le froid. Merci!»

Soleil



Père d'un système,
Fille de galaxie,
Aucun problème
Tant qu'il donne l'Energie,
Par petits bouts de lumière;
Tant que pour nous il luit
Sur ce petit coin d'univers
Printemps, été, automne comme hiver,
Et chaque fois que s'en va dormir la Nuit.

A cheval sur deux mondes,
Il observe la ronde,
de ses enfants,
Courant sagement autour
Demandant plus d'amour
A cet astre scintillant.

Père d'un système,
Fille de galaxie,
Un unique thème,
Le thème de la Vie!

Une étoile du Matin



Une étoile du Matin
Attendait sur un rebord
Que l'Eternité enfin,
La délivre de son sort,
Lui apporte la Fin,
La présente à la Mort.

Cet Univers l'a beaucoup déçue.
Cet Univers ne l'amuse plus.
Les siècles ont veillé sur son sort.
Il est temps pour d'autres abords.

Une étoile du Matin
Dernière qui luit quand le jour vint,
Que la Lune fuit vers d'autres confins,
Vidée de s'être dévidée
Dans des champs d'Immensité,
Attendait sur un rebord,
Qu'on vienne la délivrer,
la délivrer de son sort.

Un trône



«Un trône sinon rien»
Réclamait un vaurien,
Sur une place de marché
Face à une foule bigarrée.

«Un trône sinon rien
Ou à défaut
Un tombeau»
Dit il de tout son haut.

«Un trône pour crée et exister,
Des bulles de pensée
Qui pétillent dans ma boite à spiraler
Des espaces à occuper, des temps à écouler
En traficant
Traficant d'idées.
Laisser une trace
Et non sa trace
Avec la volonté d'en rire
et celle d'en parler».

«Un trône pour rêver
Un besoin vital, une nécessité.
Notre unique réalité,
Une braise qui renait
Et devient brasier».

Puis sa boucle bouclée,
Il s'en est allé.
La foule est restée
Bigarrée, anesthésiée.

La Nuit



J'ai peur de Dame Nuit,
De son vociférant silence
Et lorsque son ennui
Trouble mon immobile errance.

Cet éternel repos du jour
Voit s'ébattre les vents
Et leurs chuchotements,
Me parlent d'improbables amours,
L'haleine épaisse,près des faubourgs,
Il s'alourdit et pourlèche
Les façades alentours;
Effarouche et assèche
Mon courage devenu sourd.

Les reflets d'insomnie
Me dessinent une angoisse blême
Sur le miroir de mon esprit,
Et me laissent contre moi-même.

Puis un' lumière crue,
Arpent après arpent,
Envahit un ciel nu,
Pour nos prochains moments.

A ma porte, frappe soudain,
Une forte odeur de matin.
Ma peur, alors, s'enfuit
Sur les traces de Dame Nuit.

Tristes Joies



Il est de joyeuses peines
Qui valent de tristes joies
Et mon coeur saigne parfois
Les soirs de très grande gêne.

Il est malheureusement vain
De hanter ville après ville,
Espérant que l'Inutile
Volera notre chagrin.

Il est surtout prétentieux
De maquiller du «bancal»
A peine mieux que le banal,
En un moment merveilleux.

Il est finalement sain
D'n'avoir plus de lendemains,
Le corps las, vide et avide
De convalescences livides.

Nos vies se sont effleurées.
On s'est senti important. Faut renier maintenant,
Car l'Amour s'en est allé.

Poker



Quelques cartes concédées
Avec lesquelles faut se débrouiller
Prêt à sauter sur not' proie
Lorsque le gain s'épaissit
Espérant que le sort nous échoit
Pour soulager notre insomnie
On regarde les cartes danser sur le tapis
Et nous montrer la voie.

Sur une plaine verdie
Par les haines et les joies
Des avatars s'affairent sur le devant,
Des âmes invisibles en arrière-plan,
Des âmes sombres,
Dans la pénombre
Qui rythment la danse
La danse des figures
Celle de l'insouciance
L'espace d'une aventure.
Figures appareillées,
Dépareillées
Qui nous font rire et pleurer
Qu'elles couchent parfois
Selon le cycle, selon les lois
Dans l'atmosphère enfumée.

Et moi, ici
Toujours là
Toujours las
Tapis!



Le Regard des femmes



J'aime ce regard gêné qu'ont les femmes
Lorsque l'on veut sonder leur âme,
Lorsque l'on veut faire nos gammes.
Un regard trouble, un vague à l'âme
qui déclenche parfois tout une trame.

Quand certaines se pâment,
D'autres en font un drame,
Concèdent quelques cris, quelques larmes,
Avant de reprendre leur allure de dames.

J'aime le regard gêné qu'ont les femmes
Lorsque l'on veut faire nos gammes,
Dans la cour des Grands,
La cour des Grands Enfants!

Notre Dame de la Garde



Notre Dame de la garde
Notre Dame nous regarde
Une colline, une montagne, une âme
Qui nous veille,
Nous surveille.
Notre dame, notre came
Au dessus de nous
Au dessus du Drame
Notre Dame déclame
Son amour pour nous.

Le Soleil qui nous crame,
Sur sa robe se pâme,
Notre Dame nous réclame
réclame de nous
Qu'on soit un peu plus calme,
Qu'on soit moins fous.

Une colline, une montagne, une âme,
Notre Dame de la Garde,
Notre Dame nous regarde
applaudit nos joies, pleure nos rétames.




Oeil Sauvage



Oeil sauvage, coeur de rage
Complainte silencieuse
Qui ne s'estompe pas,
Cavalcade furieuse
Qui ne s'entendra pas,
Au milieu du Naufrage.

Je fais des «arobases» (bras d'honneur).
Cette gare, c'est la Vie!
On s'y croise souvent;
S'y retrouve un moment,
'tour de nos émotions,
Puis chacun en station
Et restons bien en phase!

Dans tous ces mondes qui s'enchainent
Faut qu'on survive avec éclat
Sans devoirs et sans autre choix
Que de se pendre avec une corde
Qu'on ne possède même pas.

Faut laisser l'Amour à sa place,
Près de la sortie, de la glace,
Suivre la lumière du couloir,
Trouver dehors son purgatoire.

La pluie qui vient



Je vous apporte la pluie,
De fines goutelles de vie,
Scintillantes comme des joyaux,
Pour purifier vos maux.
Son timide sourire,
Vous donnera à rire,
Pour le Soleil qui suit,
Je vous apporte une amie,
Un chant régulier pour tromper l'insomnie,
Et caresser vos oreilles,
Durant votre sommeil,
Désaltérer vos rêves
Ou couvrir vos étreintes brèves,
Pendant que dehors, tout est gris,
Je vous apporte une agréable compagnie.

L'Ante triste


Il arrive, il arrive.
Il arrive l'Ante triste.
Il a quitté l'aut' rive.
Il arrive l'Artiste.
Il arrive, il arrive.
Faites chauffer la piste.
Pour un dernier numéro,
Un petit doubl' salto.

Voici venir, Messieurs Dames,
Voici venir l'Ante triste,
Il arrive à l'automne,
Ce «jeune vieux bonhomme».

Faites place, faites place,
Faites place les autistes.
Laissez venir à la populace
Regarder l'Ante triste.

Il arrive subitement.
Il vient à l'improviste.
Il est temps, il est temps
De conclure notre Temps
il est même plus que temps
Pour un Oméga d'artiste.



Tavernier



«Tavernier, de l'espoir
En bouteille, en flacon, en carafe
Tavernier, une Poire,
Accomplit ton Taf !».

«Tavernier, à voir !
A voir avant d'y croire
Sous peine de ne rien devoir
A vous de voir ».

« Tavernier
Quand arrête-t-on d'y croire ?
A quelle heure et pour où
abandonne-t-on le comptoir ?»

« Que les nuits succèdent aux nuits
Ne laissent aucune place au Jour.
Et que ta taverne soit remplie,
Jusqu'à occuper l'arrière cour ! »

« Tavernier, je m'en vais.
Je ne veux pas d'histoires.
Mais saches que ton rosé
Est indigne pour un homme assoiffé.

« In vino, veritas
Et il y a du mensonge dans cette gorgée,
En ce dernier lieu de vérité,
Tout n'a pas sa place.
Doit on s'émouvoir ?
Tout ne serait pas à bon à boire ?

















J'écris. Je crie



J'écris des toiles avec des mots
des toiles qui dessinent des émotions
avec une palette d'une dizaine de maux
qui s'agencent au mieux
Pour le plaisir des yeux
et une vie muette d'incompréhension
Utile pour une bonne narration.

J'écris. Je crie,
du vide qui se dévide
s'étale en bouffées anarchiques;
un vide qui se dévide
comme une fuite de soi.
Vivre m'a tué.
Survivre m'a resuscité.

Certains font du vent, avec de l'air.
Je fais de mes images, des vers.
Il ne me reste qu'un plaisir:
cette liberté de gémir.
Alors j'écris. Je crie
Avec ce qu'il me reste de vie.


Homme



Ne rien demander, obtenir
Et soudainement atterrir.
Naître, inspirer et vagir
Sachant déjà ce qu'on va subir.

Puis marcher à quatre pattes,
Sur les deux pieds, à la hâte,
Vers les uns mais des autres, loin,
Pour l'innocent, tout vient à point.

Grandir et jouer un rôle.
Croire en l'Avenir, pas de bol!
Penser tout savoir, tout régir
Aimant surtout à se mentir.
Tenir son rang. Il faut tenir.
Pouvoir tout entretenir.
Réunir, unir, désunir,
Produire et se reproduire,
Vouloir dans le temps, s'inscrire
Espérer, avoir le pire;

Vieillir, se flétrir et subir
Louant l'Avant, ses délires
Attendre la date d'expir'
'vec la caresse du zephir
Et puis fatalement mourir,
Pour recommencer? Revenir?

Chanteur



J’étais chanteur de Salsa, chanteur de joie
Un mot de moi: s’émerveillait l’arène
Un son de moi: se taisaient les peines
Qui font nos larmes et indiquaient la Voie.

J‘étais aussi joueur de conga.
J’avais du rythme. J’avais de la voix.
Les élans fraternels de tumba
Donnaient à vos cœurs, un joyeux fracas.

Plus que musicien, j‘étais artiste.
Pour que jamais les danseurs, sur la piste,
Pour que jamais les danseurs ne s’arrêtent,
Je faisais sourire les trompettes.

J’étais du sang pour leurs veines,
De l’oxygène pour leurs poumons;
La caresse du vent sur leurs déveines,
Un soir d’été, quand on est tout au fond.

Un nouvel air, une nouvelle ronde
Je déversais l’émoi. J’apaisais le Monde.
J'étais chanteur de salsa, chanteur de joie
J'amenais du Beau. J'avais encore la foi.

Soir de bar




On est là à boire du p’tit jour,
Dans ce café bondé d’mal être,
La nuit durant à parler d’amour
Exposés ‘vec d’autres «paraîtres ».

C’est la comédie de l’ego
Un piège à attrape nigaud
Unis, malheureux pourtant
Est ce donc cela être vivant?

Deux par deux, habillés, «tous beaux»
On nous aperçoit. Alors on existe.
C’est la comédie des clandos.
On vit mal. C’est pas grave car on subsiste!

C’est la comédie des tocards,
Des «prométhées» en toc, fils du hasard,
Résignés croyant avoir tout,
Dressés tout de même sur leurs genoux.

Je suis le r’miste de l’Amour



Je suis le r’miste de l’Amour
Un loqueteux qui profite du séjour.
Tous les trois mois fait son petit bilan,
Pour après mieux justifier son néant.

Je suis le r’miste de l’Amour
En avoir un peu, en avoir toujours
Au chaud, dans quelques creux de souvenir
Au moindre vide, prêt à ressurgir.

Je suis le r‘miste de l’Amour
Un petit peu paumé, un p’tit peu court
Recherche une mélodie de velours
‘fin de rendre mon passage moins lourd.

Je suis le r’miste de l’Amour
Avec ce satané temps comm’ vautour.
Ce vent particulier qui lentement
Nous effiloche par fragments.

Je suis le r’miste de l’Amour
Un CDI? Je ne suis pas trop pour!
Préfère un plaqué or qui fait rêver
Un plaqué mort à la fin de l’Eté.

Je suis un r’miste sans atours
Qui doit apprendre à mourir et renaître
Pour véritablement mieux se repaître
D’intenses et brefs succédanés d’Amour.

Elle



Elle était ma friandise
Un brin de fille agréable à aimer
Lors d’courtes après-midi grises
Lors de longues, longues nuits agités.

Elle avait ce bleu d’hiver
Dans le cœur et puis aussi dans les yeux,
Cette froideur de l’Amer
Et cette amertume des malheureux.

Elle se croyait insoumise
Enfant du Matin, fille de la Nuit.
Elle n’était qu’une balise
De mes contradictions, de mes envies.

Elle me laisse les après midis grises
Des nuits à peine agitées
Me préférant un destin sans maîtrise
D’autr’ solitudes à aimer.

L’Auberge




Venez boire un Verbe
L’Auberge ouvre le soir.
Plus verte sera l’herbe,
lorsque le ventre s’emplit d’espoir.

Venez déguster une strophe
Un bon mêt ne se dédaigne pas.
Prenez garde aux apostrophes,
Elles ne se digérent vraiment pas.

Venez troquer votre univers.
Venez changer de destin.
Un verbe ivre entraine la plûme
Vers toujours moins d’amertume.

Venez humer nos rimes
Toutes fraiches sorties de terre.
Elles sentent, le Vent, les cîmes;
Ont gardé le parfum des nuits claires.

Venez posez vos âmes
Un court moment, pour un aperçu,
Avant que le Monde ne vous réclame
Venez à l’Auberge voir notre menu.

Insomniaque aride



J'arpente mot à mot
Le sentier de ma peine,
Encore humide de sa pluie
Encore humide de mon dépit.

Dans une forêt de platitudes,
A l’affût, avant l‘Hiver
A l'affût de nouvelles attitudes
Je nourrissais mon exil de vers.

Lorsque la caresse de la bise
Devient baiser qui s‘aiguise
Il est temps de rentrer
Vers nulle part, en particulier.

La besace vide, le rire bouleversé
J’aime regarder mes nuits, s’en aller
Bras dessus, bras dessous, ensommeillées
Lorsque je dois, le Jour, ré-affronter.

Le Manifeste de l’Insensé


C’est le Manifeste de l’Insensé
Un manifeste tout en indécence
Pour sensiblement manifester
Avec l’encre épaisse de nos souffrances.

Pour aller calmement sur le sentier
Sur les allées blèmes de l’A-folie
Voir si Dam’ joie peut se ré-inviter
Lorsque se sera oubliée l’Envie.

C’est l’Manifeste de Celui qui trime,
Celui qui erre sans l’odeur des rimes
Qui voudrait enfin fuir la lassitude
En sifflant ses peurs avec déférence
A travers la Vie, à travers ses ronces
Avec sa candeur et l’incertitude.

Le reste n’est qu’un grandiose pipo
Un peu d’esbroufe, beaucoup de mots,
Une suite de symboles, sinon rien!
Une parabole comme obole.
Des oublis savamment entretenus
 Valent mieux que l’souvenir d’un vaincu.
Ancien perdant et futur paumé
Jusqu’à l’odeur des fleurs, tu as oublié!



Un supplément de sensation



Je fume en silence, de l‘amer,
Pendant que d'autres espèrent différemment.
Des volutes de tristesse inondent l'Univers
Elle s'efforce de m'oublier doucement.

J'aimerais voir ma diagonale glisser
Sur le fil écarlate du rasoir
Et ne plus me réveiller
Lorsque reviendra l'Espoir.

Je fume du silence, amer
Attendant le surlendemain,
Pour pouvoir tout rejeter de la main,
Et ne plus jamais rien faire.

Je n'ai pour l'instant que ma peine
Qui crispe les souvenirs, crisse sa haine.
Alors je fume lentement.
Pour faire passer le temps
Espérant d‘autres sensations, en supplément.

Apatride



Apatride mon Frère
Personne ne m’veut.
J’me sens d’aucun d’eux.
Tout va pour le mieux.

Rien à redire ma Sœur,
Cela vous tombe sur les bras,
A la naissance, au petit bonheur.
Ca dort en vous tout bas.

C’est stupide mon Père.
Mais j’ai pas choisi
D’être une victime emplie,
De litres de colère.

Apatride ma Mère
J’ai ça au fond de moi.
Qu’importe ma misère,
Je suis bien comme ça.



Le Souffle du Vivant



Je suis un souffle du Vivant
Un dieu sans couronne, un dieu Résistant
Un Dieu ignoré, celui de vos premiers instants
Votre créateur, un soir d'égarement

Illimité, Infinité, Eternité et puis après?
Qu'est-ce qu'on fait?
Qu'est ce qu'on sera?
Qu'est ce qu'on aura?
Lorsque le rideau sera tombé?

Je suis un souffle survivant
D'autres sont venus après pourtant
D'autres vous ont menti durant;
Mort ou perdu, me croyant.

La Nature a horreur du vide.
Tout recommence ce matin.
Et jusqu'au crépuscule, impavide,
Je reprends les rênes, enfin.

Noctambule



Noctambule
Je ne connais pas le jour
Lorsque je déambule
Ou le temps d'un bois qu'on ajoure
Quand une suite de déséquilibres
Suffisait à mon équilibre.

Au détour d'un comptoir
Je voulais de l'Espoir
De l'Espoir en fût
Pour remplir mon vécu.

Mais l'Etre a dévoré l'Avoir
Et je me contente de paraître.
Tavernier, encore à boire!
Et laisse l'imposture se commettre!

Aujourd'hui je somnambule
Sans taverne ni fumée
Mais je reste ridicule
Tant que je ne me suis pas pardonné
De n'avoir point excusé.

Ma Vie




Ma vie est un port
Sans bâteaux à l'horizon
Sans personne à quai, ni au dehors
Juste la mer en toutes saisons.

Ma vie est une petite mort.
Une oraison sans goût
M'attend à l'autre bord,
M'attend avec dégoût.

Ma vie est tintamarre
Sans but, sans ambition
Un banal cauchemar
Sans l'ombre de la compassion.

J'y gère mes insomnies,
La nuit, la journée, sans passion.
Je me maintiens en vie
Par habitude, par convention.

Matins morôses, après-midis gris
Soirées sans prôse et crépusculaire ennui.


L'Essentiel


Tout est à nous quand on a rien
Quand 'vec le Présent, on fait un
Sans aucun souci du lendemain

Libre de rester, de partir
De nous enfuir et revenir
Laissant les choses mûrirent

De se promener avec soi
A ressasser un uniqu' thèm'
L'essentiel demeure la joie

Tout est à nous. Rien ne nous appartient.
Quand Toujours et partout sont presque Mien
Je ne fais pas alors les choses en bien.

Ma destination n'est ni le chemin
Ni encor' moins un prétendu Destin.
Juste Rien,sans contrepartie, ni Fin.




L'Apporteur


Je suis celui qui est, qui était;
Celui qui ,à la lisière du sommeil, guettait.
Des murmures précèdent mon passage.
Les hoquêtements constituent un hommage.

De moi, on ne sait plus rien
Lorsque je m'enfuis.
Juste un visiteur de nuit,
Dont on ne se rappelle pas bien.

La Ruse est ma langue.
Elle chante l'exangüe.
Jamais rime avec Toujours.
Toujours ne voit jamais le jour.

J'apporte la sourde angoisse.
Dans mon sillage, un naturel vacarme
Amène déraison, chagrins et larmes.

A trop fréquenter les morts
Je fais désormais partie de leur décor
Ni ami, ni ennemi
Juste un Prince de la Nuit.

Je suis celui qui est, qui était
Qui, au bord de vos désirs, guettait.

Promenade dans mon vide



Je ne me souviens pas de mon nom
Mais il rime avec vagabond
Avec solitude et rebonds
Ces rebonds de pensées,
Cette punition élaborée
Qui fournit la haine en ration.
Bien fignolée la division!

Promenez vous dans mon vide
Assistez à la mascarade
Une totalité agaçante et avide
Une bande passante d'inutilités,
Je suis, je suis, dans la Réalité.

Promenez vous sur le sentier
tapissé de mechancetés.
Ici la connerie gagne à la majorité
Je vous cède ma place avec gaîeté
Ne leur dites pas: Je vais m'en aller.

Au café des étoiles


Au café des étoiles
Le buis est roi
Et j'y tisse ma toile,
Sur un bel échiquier de bois.

Rejoignez nous sans hâte
Venez distrair' vot' folie.
L'important reste le mat,
Venez y faire une partie.

On y “compose” allegro.
On y roue ma non troppo.
Avec les coups, l'appetit
Jusqu'au Réel, on en oublie.

Au café des étoiles
Le Temps paraît différent.
Les egos se dévoilent
Mais tout le monde est absent.

Le Vin


Rouge sur Blanc
Tout fout le camp
Blanc sur Rouge
Et tout bouge !

Blanc sur Blanc
Non communication
Du Rouge plus du Rouge
Fini les émotions!

Rouge et Noir
Un roman
Noir sur Blanc
des déboires?

Rouge et Blanc
La Gaiêté
Cuit' d'antan
“Cuit' rosée”.

Noir c'est Noir
Et avec un aut' noir
Il y a peu d'espoir
Que j'arrete de boire.

Le Vin est festin.
Le Vin est mon ami.
Réconcilie ma Vie
Et mène mon destin.

Mort d'envie


Je meurs d'envie de ne plus te parler,
Ne plus te ressentir, de toi me rappeler.
Et pourquoi perpétuer un malentendu?
Tu es venue. J'ai vu et survécu!

On n'a jamais rien eu à s'apporter
Sauf peut être se supporter, s'habituer,
Complication contre complication,
Y a trop d'émotions, de trahison.

Trop de mépris génère la rancune.
Je meurs d'envie de disparaître à jamais,
De faire semblant d'avoir à t'éviter,
De travestir ma colère en bonne fortune.

Sur l'autoroute de l'Indifférence,
J'ai dépassé lâchement mes petits problèmes.
Qu'importe alors tes prétentieuses absences,
Mon monde est discontinuité, épars et blême.

Je meurs d'envie de ne pas ta haïr
Et j'y arrive facilement. C'est ça le pire!
Mais le prix était bien trop élevé
Pour que mon ego et moi puission t'apprécier.

La Rue


La Rue est un' putain malheureuse,
Au corps tapissé d'amertume,
Qui s'offre comme de coutume,
Aux badauds, à la foule curieuse,
Aux heures pleines, aux heures creuses
Devant des vitrines au repos.

Elle attend un soupçon de déraison.
Elle attend la “Belle saison”.
Elle espère toujours quelquechose
Pour égayer son morose
Et la rendre un moment, diva
Avant que ne vienn' les premiers frimas.

Le temps du “sans bitume” est loin.
L'époque des calèches, des sabots,
Quand la ville était village nabot.
Mais la Rue reste dans son coin
Enlaçant un vieux quartier tendrement
Sans pouvoir l'étreindre complétement.

Une Pensée


Je ne suis qu'une pensée
Un bout de Lumière
Fragment de poussière
Paré d'éternité.

Mi Néant, mi Totalité
Sans comprendre, j'apparais
Nulle part où me réfugier
Mais partout, je me dois d'aller.

Tous les humains sont mon Futur.
Ce monde est ma culture
Car leur énergie me porte
et leurs passions m'emportent.

Quand grandit leur nombre,
je quitte alors l'ombre
Pour devenir Vérité,
Gagner l'Illimité.

Fractal

Je suis fractal. Je suis Total.
Je suis Tout et Partie.
Je me défais de mon âme.
Et me fond au dehors
Je me fond dans la mort,
Me fond dans la véritable lumière,
Celle du Néant,
Avec au creux de l'esprit
encore vacillant
une idée de liberté
difficile à exprimer
briser le cercle,
briser le cycle,
sortir du sillon,
s'affranchir complétement
Quitter la pièce, quitter la piste
Retrouver l'Eternité.

Quotidien



Je trempe mes jours
Dans le fleuve du Temps
Qui les teinte à son tour,
De durées, d'évenements,
De petites joies, d'égarements,
Que le fleuve de l'Oubli,
Dans lequel, je tremperais
Et tromperais mon esprit,
Pourra ensuite éparpiller.


Seigneur Vent



Sept fois puissant
Parfois Colère,
Parfois Tonnerre,
Donne le ton du jour,
Souffle du vivant
Ni excessif, ni insignifiant,
Fixe le tempo, dirige le mouvement,
Des nuages turbulents
Divertissements sur morçeau de ciel
Prépare l'arrivée du Soleil.

L'étage du dessus

Y a Eux et y a Nous.
Y a Eux. Eux c'est Nous.
A l'étag' du d'ssus,
Les "gros pardessus",
Cachés dans nos cieux,
Nous scrutent et nous jouent.
Se nourrissent de nous

Qui sont ces faux dieux?
Qui sont... Je m'en fous!
Que veulent ils?
Ils veulent tout.
Ils veulent Nous.
Nous rendre fous,
A leurs genoux,
Qu'on tende la joue
Alors qu'Eux c'est Nous.

Différents et mieux,
Originaux gracieux,
Jouant un drôle de jeu,
Jouant sans émotion
Un jeu dont nous sommes pions
Alors que Nous, c'est Eux.

 


Seraient ils méchants,
Ou seulement ignorants?
Ignorant que Nous c'est Eux,
Et qu'au dessus
Au dessus nous deux ,
D'autres "gros pardessus"
jouent avec eux, jouent aux faux dieux
Et c'est ainsi
A l'infini,
De mieux en mieux,
Sujets et dieux.



l'Oeil

Il y a l'Oeil.
Quelqu'un derrière?
L'Oeil, témoin de mon errance.

Unique et multiple
Partout. Muet.
Voir tout. Ne rien oublier.
Voir tout. Ne rien regarder.

L'oeil et sa patrouille
Quadrillage sur bitume
Ne plus avoir la trouille
Quadrillage d'amertume.

Je te vois.Tu me vois.
Sur tes nombreux mâts.

Video. Je vois.
Que tu suis mes pas.
Pourquoi?
Me protéger de quoi?
De Toi? De Moi?
Je ne cherche que la sortie à tout cela.
M'évader avant d'être trop las/
Orphelin de tout. Je ne veux que m'en aller, marcher.
Marcher et oublier.
Oublier cet oeil froid et mauvais,
Qui me regarde, aux abois.
Un antechrist borgne observant ses sujets.
Observant ceux, qui l'ont fait roi.


Video. Je vois.
Un système finissant.
Un triangle dément
l'Oeil au sommet, insolent
L'oeil observant,
Son Caïn d'occasion,
Un Caïn immaculé,
Jouer sa déraison,
sur la scène des scènes,
Une prison à ciel ouvert
Une prison d'illusions

Video. Je vois.
Je vois du vide et son vide,
Du vide d'espace et de Temps
En ce milieu de nuit
Pendant que le Silence pleure et crie
Du Temps qui s'espace
De l'espace qui se détend.














Il y avait des nuits

Il y avait des nuits
Où je ne me sentais plus vraiment exister.
J'étais dans les pas d'un autre.
J'étais parfois l'Autre.
L'Autre rôle qui m'habitait,
Au delà du fil de ma fragile raison.

Je comptais les étoiles sur la toile pourpre.
Je comptais sous le voile.
Je comptais les voitures.
Je comptais les gabians
Aux agûets sur les toitures,
Observant, méfiants.

J'oubliais ce qui comptait vraiment.
Je déambulais,
A pas irréguliers,
La tête étrangement dérangée
par mille et un regrêts.

J'étais l'Autre et les autres
n'existaient plus, n'existaient pas.
Ma pauvrêté au bras,
accompagnait mon échappée.

Ma pauvrêté était différente.
C'était une solitude de naissance.
Une solitude d'insouciance.
Qu'arrosait constamment, une colère inexpliquée.
Pareille à une fleur fânée, sur un sol aride,
Qui prenait le vent de face, impavide.

Le Temps

Le Temps est une longe,
Dont j'aimerais me délivrer,
Pour quitter ce songe,
Et devenir Divinité.

Quelquefois, il s'allonge,
devient un autre Ennui,
Se fait indolent
Sur un lit de nuit,
Quelquefois il se la joue sourd
Et me ment,
Me joue ses tours,
L'insolent!

Le Temps est une longe
Que j'aimerais ronger
afin que je quitte ce songe
Et redevienne Divinité.